La Réforme en Bretagne

La Réforme toucha très rapidement la Bretagne. Le premier Breton protestant martyr semble être le Nantais Nicolas Valoton qui, impliqué dans l’affaire des «placards» meurt sur le bûcher à Paris le 21 janvier 1535. Dans les années qui suivent, plusieurs Bretons trouvent refuge à Genève, comme Charles Ferré, natif de St-Malo. Les ports bretons (St-Malo, Morlaix, Nantes…), le commerce des toiles (Quintin, Vitré, Combourg…), les réseaux liés à l’université, aux libraires… sont autant de points d’appui pour la diffusion du protestantisme.

Voyage missionnaire de F. d’Andelot

– Ce sont les grandes familles bretonnes – les Rohan (avec la vicomtesse Isabelle d’Albret), les Rieux (avec Renée dont la soeur épouse François de Coligny), les Laval (avec Charlotte, épouse de Gaspard de Coligny et tante de Renée de Rieux), les du Chatel, les Montbourché, Acygné… -qui vont permettre aux églises protestantes de s’établir avec une relative sécurité sur le sol breton.

La date de 1558 semble être un tournant (voyage «missionnaire» de F. d’Andelot) et dès 1565 plus d’une trentaine d’églises sont recensées, 27 d’entre elles sont représentées au Synode provincial (le 7ème) de Ploërmel.

A la signature de l’Edit de Nantes (avril 1598), seule l’Eglise de Vitré subsiste, les autres ont été dispersées lors des guerres de la Ligue, particulièrement destructrices en Bretagne, du fait de la rébellion du gouverneur de la province, Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercoeur (beau-frère d’Henri III).
Le protestantisme breton ne se relèvera jamais véritablement de ces troubles, malgré le rayonnement de Vitré et de Blain qui possèdent un collège puis une académie.

Le temps du protestantisme breton est compté, et les efforts de Catherine de Parthenay et de ses fils Soubise et Henri, duc de Rohan, qui le font rayonner bien au-delà de leur province, n’y changeront rien.

1802 : rétablissement du culte protestant

– La révocation de l’Edit «perpétuel et irrévocable» (octobre 1685) avait été précédée de bien des violences et tracasseries à l’encontre des protestants. Dès lors, ce sont dragonnades, enlèvements d’enfants, emprisonnements qui poussent les huguenots bretons à abjurer ou à fuir, en Angleterre surtout, en Hollande pour les Nantais, mais aussi en Allemagne ou en Amérique…
A part quelques exceptions, seul subsistera un protestantisme d’affaires fort discret : négociants et «indienneurs» à Nantes (Petitpierre, Pelloutier, Riedy, Schweighauser …) ou Lorient (la Compagnie des Indes attire les Bonnet, Pourtales, Odier, Gros … ), ingénieurs des mines à Poullaouën…

Lors du rétablissement du culte protestant en 1802, l’église de Nantes est siège de consistoire (Pasteurs Dejoux, Wilson, Rosselet puis B. Vaurigaud… ). Lui est rattachée dès sa création en 1832 l’église de Brest. Son pasteur A. Le Fourdray va grandement favoriser l’établissement de missionnaires gallois, baptistes (Morlaix) et méthodistes (Quimper) en leur accordant des délégations pastorales.

Dès 1834, la Société Evangélique envoie à Rennes le Pasteur Filhol qui assure également des cultes à Lorient. Dans les Côtes-d’Armor, des Britanniques en villégiature sont à l’origine de communautés anglicanes.

L’oeuvre des pasteurs gallois

– La dimension la plus originale du protestantisme breton est l’apport décisif que constitue l’arrivée de pasteurs gallois, et la coopération interdénominationnelle qui se manifesta à cette occasion.
Les Gallois étaient déjà à l’origine de la première traduction de la Bible en breton (par Le Gonidec, en 1827).

Ils furent également à l’origine de l’une des plus anciennes églises baptistes de France, fondée à Morlaix par le Pasteur John Jenkins arrivé en 1834.
Cette église est missionnaire, compte plusieurs annexes, avec écoles, et donne naissance à un véritable protestantisme breton.

Un de ces Bretons convertis, Guillaume Le Coat, de Tremel, est à l’origine de la «Mission Evangélique Bretonne» (orphelinat, dispensaire, école, édition, colportage biblique, évangélisation…). G. Le Coat, qui à la suite de J. Jenkins (1847) publie une nouvelle traduction de la Bible (1883), aura pour successeur ses neveux Georges Somerville et Guillaume Le Quéré.

Un autre pasteur gallois, méthodiste, John Williams, arrivé en Bretagne en 1842, fonde une église près de Saint-Brieuc, avant de s’installer à Quimper. Aidé de quelques collaborateurs (J. Planta, P.J. Rouffet, P. Le Groignec…) il implante bientôt des annexes à Lorient, Pont-L’Abbé, Léchiagat, Douarnenez… Il aura pour successeur le Pasteur W.J. Jones qui donnera une nouvelle impulsion à l’oeuvre.

Relever les anciennes ruines

– La Bretagne est alors sillonnée de colporteurs bibliques. J. Sainton, J. Scarabin, dans les Côtes-d’Armor entre autres, font du «colportage automobile» pour la mission populaire, qui installe sa péniche à Vannes ; une Fraternité à Nantes, où les protestants sont nombreux, occupent des places en vue dans la cité ( Dobrée, Durant-Gasselin, Favre, Voruz, Bellamy…), et créent des oeuvres sociales…

Plus tard, les églises méthodistes rejoignent l’église réformée. Les églises baptistes, elles, gardent leur autonomie, mais entre les deux guerres, les soutiens étrangers disparaissent petit à petit, et les oeuvres du Centre-Bretagne périclitent ! Déjà, d’autres églises évangéliques font leur apparition en Bretagne : les Assemblées de Dieu, la Mission Tzigane (fondée par le Breton Clément Le Cossec), et plus tard France Mission… Elles s’installent surtout près des côtes.

Le Centre-Bretagne est délaissé, les bâtiments de la mission du Guilly tombent en ruine. L’orphelinat de Tremel est fermé. La chapelle de La Feuillée (à Kerelcun) a disparu, celle de Conval en Poullaouën sert de logement…
C’est dans ce contexte que va naître l’oeuvre du Centre Missionnaire de Carhaix avec un double but :
– relever d’anciennes ruines
– apporter un témoignage évangélique adapté aux besoins de notre temps.

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